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NIKI  le jeu avec le trait ou la femme araignée

 

Une nouvelle génération de peintres profilent peu à peu leurs formes dans les revues, sur les écrans, sur nos cimaises. Leur façon de travailler c’est l’audace. Nourris d’art brut, de graffiti, d’art singulier, du primitivisme, d’images numériques, de tout, les jeunes artistes peignent sans retenue et sans inhibitions. Une peinture turbulente et bien contemporaine prends le dessus sur l’ancien système de valeurs.

Qui sont les bons et les moins bons artistes, l’avenir nous le dira, comme toujours.

Pour le moment la tension monte, l’émotion est au rendez-vous, l’imaginaire travaille, les jeunes artistes sont confiants.

«Mon univers est peuplé de personnages oniriques, animaux, hommes et dieux, possible expression de ça, du moi, du sur-moi,» écrit Niki.

Elle se réclame de Louise Bourgeois, de Frida Kahlo, de Niki de Saint Phalle, les pionnières de l’introspection et de la révolte.

 

L’espace n’est saturé que par endroits.

Il est marqué et tacheté par un concentré de matières comme échappées d’une centrifugeuse ; encres acryliques et huiles, l’artiste travaille dans l’urgence, maîtrise le trait, en joue, le fait dériver, le fait arriver où bon lui semble.

Il apparaît parfois sous la forme de griffures. Souvent l’artiste l’entraîne dans un mouvement giratoire rapide. Les corps qui en résultent gardent cependant les lois de la pesanteur, le sens de l’équilibre et de la bonne proportion. Des corps féminins, nus ou saugrenus déclinent leurs métamorphoses.

 

Délirants et sophistiqués, ses personnages empruntent à l’expressionnisme la révolte, la déformation et les démons.

Les couleurs vives se heurtent aux traits noirs appuyés. Les traits les cadrent, les situent et les tiennent, les repoussent, une joute passionnée a lieu entre les traits et les taches de couleurs.

 

Avec ses personnages hybrides aux visages extravagants l’artiste donne naissance à un monde onirique et métaphorique où il est question de mutants, d’insoumis ou d’étranges portes de sorties. Est-ce un hasard si de la tradition mythologique, l’artiste retient la figure symbolique d’ Arachnée ?

La légende veut que cette tisserande Lydienne osât participer à un concours l’opposant à  Athéna. La malheureuse mortelle gagna le concours, mais, bien entendu, ayant ainsi offensé son immortelle rivale, elle fut punie. La déesse la poussa au suicide, par remords, elle la  transforma ensuite en araignée.

Dépasser ses limites n’est pas le vœux orgueilleux avoué ou pas de l’artiste ? L’araignée n’est elle pas la métaphore de la femme artiste ?

Entre le tissage et la peinture, entre le fil et le trait, entre l’araignée tirant le fil de son ventre et l’artiste femme face à la toile, les analogies s’enchaînent.

 

Dans les œuvres numériques de Niki, le trait arachnéen court toujours. Il apparaît espiègle et indépendant, interceptant, et accompagnant l’orchestration tumultueuse et colorée, acidulée des images.

Ce gribouillis noir, le dessin primordial, le fil de la révolte, la trame de l’ouvrage :

«Je peins l’émotion brute, brutale, sans concession, avec excès»

confesse-elle.

 

 

Ileana Cornea

Critique d’art et journaliste pour le magazine Artension

2011

 

 

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